Stéphanie : de l’ombre à son affirmation

Comment vivre en équilibre entre deux identités, entre une vie publique et un besoin intérieur de se reconnecter à soi-même ?

Comment trouver des moments d’évasion pour exister pleinement, même face à la peur du jugement et de la transphobie ?

Dans ce nouveau témoignage émouvant, Stéphanie nous dévoile une part intime de son existence : un besoin irrépressible de devenir elle-même, d’endosser sa féminité comme une respiration vitale.

Elle partage les défis de ses premières sorties en public en tant que femme, son expérience marquante dans un studio dédié aux femmes transgenres et travesties, et les complexités de son coming out familial.

Mais pas que .

Ce parcours n’est pas linéaire, mais fait de moments de libération et de doutes, où le courage d’exister en tant que Stéphanie devient essentiel pour se sentir vivante.

Quels obstacles doit-elle surmonter pour se permettre ces instants de vérité ? Comment conjugue-t-elle le désir d’affirmation et la crainte du regard des autres ? Comment devient elle “Stéphanie”

Plongez dans un récit riche et inspirant, un récit qui pourrait être le vôtre, si il n’est l’est pas déjà

Peux-tu te présenter ? âge, genre, situation familiale, profession, ville.

Peux-tu te présenter ? âge, genre, situation familiale, profession, ville.

Je m’appelle Stéphanie, 51 ans de Pxxxxxxxs.

Je vis et  travaille en homme, et suis marié à une femme avec qui nous avons eu 3 enfants. Après avoir été enseignant je travaille actuellement dans la formation des enseignants.

Je suis d’origine anglaise mais j’ai rencontré ma femme, qui est française, en Angleterre et je suis venue vivre en France.

Ca fait plus de 30 ans maintenant que je suis en France.

Pourquoi cette envie, qu'est-ce que cela te procure ?

– Depuis combien de temps as-tu envie de te sentir femme, quel a été le premier “signal” de cette envie ?

J’ai toujours été attirée par la féminité. Cette attirance pour les vêtements féminins, le maquillage etc fait partie de mes premiers souvenirs.

Comme beaucoup d’entre nous j’ai commencé en essayant les vêtements de ma mère avant de commencer à acheter mes propres affaires.

– Est-ce une envie ponctuelle, permanente ? 

C’est une envie ponctuelle. J’ai pu passer des mois voire des années sans vraiment y penser et soudain l’envie revient.

Mais depuis quelques temps, je dirais depuis un an ou deux, l’envie devient plus forte, plus profonde et plus permanente.

C’est comme si cette femme en moi qui a longtemps était cachée et refoulée prenait le pouvoir.

– Pourquoi cette envie, qu’est ce que cela te procure ?

C’est difficile à expliquer. On ne peut pas vraiment dire que c’est une envie. Je le qualifierai plutôt de besoin.

Au début, il y avait la douceur et la sensualité, la sensation de bas ou de collants sur sa peau par exemple mais au fil des années cela a évolué.

Maintenant je vois ça comme simplement l’expression de moi. Avant je vivais ma féminité en cachette, c’était toujours frustrant avec des sentiments partagés, de la honte, le ridicule, la peur d’être découvert. Le sentiment de ne pas être normale.

Il y avait quelque chose qui me poussait à le faire mais je me demandais pourquoi je faisais ça et qu’est-ce que ça m’apportait.

Tout ça juste pour quelques moments furtifs. Puis avec mes premières sorties en public c’était une révélation.

Je me sentais tellement bien, heureuse, apaisée, pleinement moi, enfin. N’ayant plus ces sentiments négatifs ou ces questionnements, c’est comme si tout devenait clair.

J’ai compris maintenant que c’est la reconnaissance de qui on est qui est importante. On a toutes et tous ce droit d’être qui on est.

Même si ce n’est pas toujours facile, parfois je n’ose pas. Il faut sortir pour que les gens aient l’habitude de nous voir.

Pour chaque regard interrogateur ou moqueur croisé, il y a un regard de bienveillance, un sourire, une parole simple d’acceptation. 

Je regrette d’avoir attendu autant pour franchir le cap. Ca fait un bien fou et j’ai fait tellement de belles rencontres. 

– Quand as-tu décidé de passer à l’acte, soit de te travestir pour la première fois ? Pour quelle occasion ? Qu’as-tu ressenti ?

Ce n’est pas la première fois. Mais je pense que c’est intéressant de raconter cette expérience que j’ai vécu, celle de ma deuxième vraie sortie en public.

J’ai eu l’occasion d’aller à Madrid pour le travail . A cette occasion, j’ai visité le réputé studio de transformation DafniGirls.

 

Comme d’autres studios de ce type, on vous propose une transformation complète ; maquillage, perruque, conseils, essayage de différentes tenues avec séance de photos.

Lors de ma visite, je suis prise en charge par Ely, pétillante, drôle et attentionnée – une fille adorable, super pro du maquillage bien sûr.

C’est alors que je reçois un choc et une première émotion forte lorsque je découvre cette femme dans le miroir. Elle est l’expression la plus aboutie de ma féminité que j’ai pu voir jusque-là.

Pour la première fois je me sens vraiment belle.

Ely me propose d’aller faire un tour à l’extérieur. Nous nous promenons dans le quartier de Chueca, un quartier en plein centre-ville de Madrid réputé pour sa tolérance LGTBQ. Puis nous nous dirigeons jusqu’à Gran Via, les Champs Elysées madrilène, pour faire aussi quelques photos.

Il y a foule, et forcément je me fais remarquer en prenant la pose, mais je me sens belle, confiante et heureuse.

Enfin j’arrive à affronter les regards.

Faire connaissance avec 4 nouvelles copines

Mon idée initiale était de me rechanger au studio à la fin de mon rendez-vous mais on a la possibilité de garder la tenue et de la rendre le lendemain.

Ely me montre des restaurants et des bars où je pourrais aller tranquillement même en étant seule.

Je sais que je n’aurais pas une telle occasion si tôt, même si c’est juste pour boire un verre ou manger quelque part toute seule.

Je n’avais pas envie d’écourter ce moment où je me sentais si bien.

Donc je continue ma balade seule. Je m’arrête un moment pour regarder dans une vitrine de boutique de vêtements quand  derrière moi quelqu’un qui me parle  espagnol.

L’espagnol n’est pas mon fort , heureusement elles parlent anglais Je me retourne, je viens  de rencontrer  deux inconnues : Yanira et sa copine Christina.

Elles me disent m’avoir vu au loin et sont venues me voir pour me proposer de venir manger au restaurant avec elles. 2 autres copines  vont les rejoindre.

Je suis touchée et impressionnée de la facilité de cette rencontre.

Nous en discutons avec Christina plus tard – deux inconnues qui reconnaissent une semblable dans la rue et lui proposent de se joindre à elles. Dans quel autre contexte cela aurait-il pu se produire ? On n’en trouve pas.

Le dîner donne l’occasion de faire connaissance avec mes 4 nouvelles copines, d’échanger sur nos vécus et expériences, chacune les siens . Forcément des similitudes et des points communs se font jour.

Je les connais depuis peu mais on se comprend facilement et on arrive à un certain degré d’intimité rapidement et confortablement.

Quel bonheur de retrouver des gens comme moi et se sentir moins seule.

Je comprends que c’est ce qui me manquait pendant tout ce temps et à quel point c’est important d’avoir des personnes avec qui échanger.

J’ai trouvé l’initiative et l’esprit de solidarité de ces filles formidables. 

Nous devons être fière de qui nous sommes, de notre communauté, et de nos valeurs.

Un monde à notre image serait bien plus douce et tolérante.

Stéphanie marche en soirée dans une rue animée, vêtue d'un manteau noir et d'une écharpe beige, avec des bottines noires. Elle est éclairée par les lumières urbaines, projetant une image de confiance et d'élégance dans cette scène nocturne.
Stéphanie

- As-tu des craintes vis-à-vis de la société, ta famille etc... des appréhensions, une gêne quelconque ?

 J’ai abordé le sujet avec ma femme pour la première fois il y a environ 10 ans et ….

Et …Stéphanie continuera très prochainement son témoignage !

 Avec, of course, sa participation au Diner de Charly 

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Jennifer 

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2 thoughts on “Stéphanie : de l’ombre à son affirmation

  • Un témoignage très touchant ! Bravo Stéphanie pour ton courage ! Tu es vraiment ravissante.
    Bravo aussi à Jennifer pour son talent et sa bienveillance.
    Ça donne vraiment envie de la connaître.
    Bisous à toutes les deux.😘 Claudia.

    • Bonjour Claudia ,
      Quelle bonne nouvelle ! J’ai de plus en plus d’exemple où les épouses sont au courant et acceptent, c’est une bonne chose et cela donne de l’espoir et du courage pour celles qui n’osent pas le dire encore .
      Merci pour ton message .
      Au plaisir de te rencontrer , peut être une séance avec ton épouse qui pourrait l’aider à être plus à l’aise avec ton côté féminin ?!

      Jennifer .

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