5 différences essentielles entre travesti et transgenre

Mes chères,

À travers vos messages, vos récits, vos confidences partagées ici et là, vos témoignages dans mon blog, je ressens la richesse de vos parcours.

Certaines vivent leur féminité au quotidien, d’autres la retrouvent dans des instants choisis.

Certaines l’expriment dans le moindre détail de leur apparence, d’autres la portent comme un secret, doux et puissant.

Et c’est justement cette diversité que j’aime tant ici, sur ce blog.

Parce qu’il n’y a pas une seule manière d’exister au féminin. Il y a vos façons, vos rythmes, vos couleurs.

Mais parfois, les mots circulent — « transgenre », « travesti », « identité », « expression », “féminisation” etc — et on les mélange, sans toujours le vouloir, même sans savoir.

Alors aujourd’hui, sans prétendre tout définir, j’avais envie de poser les choses en douceur.

Non pas pour trancher, ni pour classifier, mais pour éclairer avec tendresse ce qui distingue ces deux réalités.

Parce que comprendre, c’est mieux respecter.

Et mieux respecter, c’est toujours aimer un peu plus. 💖

Identité ou expression ?

Tout d’abord : 2 mots 2 réalités : travestissement et transidentité

Quand on parle de transidentité, on parle de ce que l’on est, profondément.

C’est une vérité intérieure, parfois vécue depuis l’enfance, parfois découverte plus tard.

Une personne transgenre ressent, au plus intime, que le genre qui lui a été assigné à la naissance ne correspond pas à ce qu’elle est réellement.

Le travestissement, lui, touche davantage à l’expression de genre. Il s’agit d’endosser des codes, des vêtements, des gestes associés à l’autre genre, sans pour autant remettre en question son identité profonde. Cela peut être un jeu, une exploration, un art.

L’une est une identité vécue au quotidien, l’autre une manière d’exprimer une facette de soi.

Vanessa prend la pose et défie l'objectif avec une assurance qui fait monter la température. Sa robe rouge moulante est une promesse de nuits endiablées, tandis que la dentelle noire susurre des secrets d’élégance interdite. Ses sandales enlacent ses pieds tels des bijoux, promettant des pas aussi décidés que le battement de cœurs conquis. Chez Transbeauté, nous connaissons l'art de l'allusion, la suggestion d'une aventure à la fois chic et taquine. Osez la métamorphose, entrez dans le jeu de la séduction, et laissez votre silhouette raconter l'histoire d'une transformation aussi enivrante que votre esprit libre

Une continuité… ou des instants choisis ?

Ensuite: son rapport avec le vécu est différent

La personne transgenre est, en elle, ce qu’elle est. Même si elle ne peut pas encore le dire, le montrer ou le vivre pleinement, cela ne change pas ce qu’elle ressent : c’est une continuité.

Pour la personne travestie, la féminité peut surgir dans des instants particuliers.

Une soirée, un moment intime, un temps pour soi, une scène, une échappée belle. Puis, elle peut revenir à une autre manière de vivre.

Il y a ici la permanence d’un être… et là, la magie d’une parenthèse

Le rapport au corps

La transidentité amène souvent à une réflexion, voire à un besoin de transformation du corps. Cela peut passer par des hormones, des interventions médicales ou esthétiques, ou tout simplement un soin attentif apporté à son image.

Ce n’est pas un caprice : c’est souvent un chemin vital vers l’alignement.

Pour les travestis, la transformation est souvent extérieure et temporaire. Maquillage, perruques, corsets, talons… On joue avec les apparences sans forcément souhaiter changer durablement son corps. Le plaisir est dans la métamorphose.

L’une cherche l’harmonie durable entre le corps et l’âme.
L’autre explore la magie de la transformation

Doucdur et voluppté d une grossesse simulée femme transgenre

Le lien au regard social

Être trans, c’est aussi naviguer dans le regard des autres : famille, collègues, institutions. On change parfois de prénom, de papiers, de pronom. On fait un coming-out. On revendique son existence.

Le travestissement, lui, peut rester discret. Certaines personnes le vivent en secret. D’autres au grand jour, avec fierté. Il peut être intime, artistique, militant… ou tout cela à la fois. Mais il ne demande pas forcément une reconnaissance sociale ou administrative.

Les deux démarches sont valables, fortes, courageuses. Elles sont simplement différentes.

sortie entre femmes trav et trans à Paris Transbeauté

Un chemin de vie… ou une pratique

Pour une personne transgenre, il s’agit d’un chemin de vie. Une histoire faite d’étapes, de doutes, de révélations, de courage. Un passage parfois long vers soi-même, avec toutes ses joies, ses douleurs, ses victoires.

Pour une personne travestie, il s’agit souvent d’une pratique choisie : un terrain de jeu, d’exploration, d’expression, de liberté. Cela peut durer toute une vie, sans jamais devenir un besoin d’alignement identitaire.

Et parfois, l’un mène à l’autre.
Parfois, non. Et c’est très bien ainsi.

On résume ( si tu t'es perdue...)

Ce que tu peux retenir : 

  • Le travestissement, c’est une manière de s’exprimer, d’explorer, de se métamorphoser.

  • La transidentité, c’est une manière d’être, d’exister, d’incarner ce que l’on est vraiment.

Aucune des deux voies n’est supérieure à l’autre. Elles sont différentes, précieuses, et parfois, elles se croisent.

Cette soirée illustre parfaitement l’importance de sortir, de se retrouver entre Jen’s Girls, et de célébrer la féminité sous toutes ses formes, dans un lieu emblématique de la communauté. 💃✨🥂

Pour conclure, en douceur et en lumière…

Chacune porte en elle une flamme.
Parfois visible, parfois cachée.
Parfois assumée, parfois encore fragile.

Mais cette flamme, c’est la féminité. Celle qu’on ressent, celle qu’on invente, celle qu’on rêve.
Celle qu’on habite au quotidien, ou celle qu’on effleure du bout des doigts.
Celle qu’on incarne dans chaque geste, chaque regard, chaque étoffe.

Alors que tu sois travestie, transgenre, non-binaire, en questionnement ou simplement curieuse…
Sache que ta féminité, quelle qu’elle soit, est belle, légitime, puissante.

Et ici, sur ce blog, elle sera toujours accueillie et célébrée. 💖

💬 Et maintenant ?

🌸 Est-ce que certaines de ces nuances t’ont parlé ?
🌸 As-tu reconnu ton propre parcours, ou peut-être celui d’une amie chère ?
🌸 As-tu envie d’ajouter ton regard, ton ressenti, ton histoire ?

Je t’invite à partager ton expérience en commentaire. Ton témoignage peut résonner fort chez une autre lectrice… et l’aider à s’aimer un peu plus.

Et si tu veux aller plus loin, n’hésite pas à explorer les autres articles du blog : témoignages, conseils, confidences… On est là pour se soutenir, pour s’embellir, pour s’aimer dans toutes nos nuances.

Je vous embrasse 

Jennifer 💋

06 60 64 86 26

 

Roxane-travesti

Roxane aime se féminiser

J’ai eu la chance de rencontrer Roxane qui a fait appel à mes services pour apprendre à se maquiller en vu de se sentir plus féminine. Je lui ai demandé…

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66 thoughts on “5 différences essentielles entre travesti et transgenre

  • Tres bel article plein de douceurs et de sensualité qui explique parfaitement ce que nous pouvons ressentir quand nous nous travestissons avec pour certaines – dont je fais partie – une certaine frustration de ne pas avoir franchi le cap de la trans identité…
    Voila plus d’une dizaine d’années que je suis Priscilla au gré des jours, des mois et des années avec ce plaisir immense de me sentir femme avec l’envie de partager cela … mais avec la crainte du regard des autres et membres de ma famille!
    Merci Jennifer

  • Un immense merci pour cet article d’une grande clarté et d’une vraie tendresse. 💖
    Et merci aussi pour l’illustration choisie avec cette belle photo de groupe de copines dans laquelle j’apparais, Jennifer me connaît suffisamment pour savoir à quel point cela me touche.

    Pour ma part, il m’a fallu attendre l’aube de ma soixantaine pour franchir enfin le cap du traitement hormonal.
    Aujourd’hui, je me sens profondément femme au quotidien : ce n’est pas une apparence, c’est mon vrai genre, c’est tout simplement moi.

    On croit parfois pouvoir résister , pour la famille, pour le regard social, pour mille raisons , mais quand c’est plus fort que tout, on ne peut qu’écouter cette voix intérieure et s’autoriser enfin à être soi.

    Merci d’avoir su mettre des mots justes sur des réalités différentes mais toutes légitimes. 🌸

    Pascale

  • Un immense merci pour cet article d’une grande clarté et d’une vraie tendresse. 💖
    Et merci aussi pour l’illustration choisie avec cette belle photo de groupe de copines dans laquelle j’apparais — Jennifer me connaît suffisamment pour savoir à quel point cela me touche.

    Pour ma part, il m’a fallu attendre l’aube de ma soixantaine pour franchir enfin le cap du traitement hormonal. Aujourd’hui, je me sens profondément femme au quotidien : ce n’est pas une apparence, c’est mon vrai genre, c’est tout simplement moi.

    On croit parfois pouvoir résister — pour la famille, pour le regard social, pour mille raisons — mais quand c’est plus fort que tout, on ne peut qu’écouter cette voix intérieure et s’autoriser enfin à être soi.

    Merci d’avoir su mettre des mots justes sur des réalités différentes mais toutes légitimes. 🌸

    Pascale

  • Bonjour et merci j’ai adoré cet article plein de douceur et surtout sans jugement ! Je mets ce commentaire mon soutien et mon admiration à toutes ces magnifiques féministes quelle quelle soit 🫶🏻

  • je crois bien que je ai jamais lu une explication aussi claire et précise . ça met les choses au clair. mais cest tellement ça

  • Bonjour à toutes.
    Sujet ardu et non sans risque. En assumant que, en effet, selon moi aussi, c’est différent, j’ai été prise à partie sur plusieurs forums et discussions. Le premier écueil concerne le mot travesti. C’est juste un mot de la langue française sans aspect péjoratif pour moi. Pourtant elles sont nombreuses à littéralement détester ce mot.
    Commençons par une précision :
    « Il ne faut pas confondre les personne trans avec les travestis, les personnes intersexes. »
    Ce n’est pas moi qui l’écrit :
    https://www.dilcrah.gouv.fr/files/2025-05/%F0%9F%8C%88%20Fiche%20pratique%20-%20Le%20respect%20des%20droits%20des%20personnes%20trans.pdf
    Je suis tout de même favorable à une lecture différente, plus souple. Ce n’est pas aussi tranché me semble t il. De mon point de vue le travestissement comporte, parfois, pas toujours, une dose de transidentité. C’est alors une question de positionnement du curseur qui sera, pour de multiples raisons, placé entre ces deux possibilités. Chacune y trouvant son équilibre.
    On m’a aussi, dans un forum, reproché son emploi. On m’a littéralement sommée de ne pas l’employer. Jusqu’à me dire de ne pas l’employer même pour moi ! En effet comme précisé dans ce billet on peut être un travesti puis se découvrir transgenre. Évolution que j’assume. J’ai été un travesti. Le mot ne me pose pas de problème. Je n’entends répondre à ce genre d’injonction.
    D’autre part, selon moi, il existe une différence importante. Le travestissement recours souvent à une surcharge des attributs supposés de la féminité jusqu’à l’excès parfois. On surajoute, on emplie jusqu’à la caricature qui s’approprie les aspects les plus discutables d’une supposée féminité. En un mot des stéréotypes machistes. La transidentité procède, au moins pour partie, à la suppression, à l’éradication du masculin. Pour cette raison l’expression « se sentir femme » m’a toujours laissée dubitative.
    Pour autant je ne conteste pas ce ressenti mais je ne comprends pas bien ce qu’il peut recouvrir. J’avoue ne pas en saisir les fondements. Le genre reste avant tout une affaire de convention, de norme sociale. J’ai bien dit le genre. Pas le sexe biologique qui reste incontestable souvent bien qu’il ne soit pas non plus toujours aussi tranché. Mon doute sur cette expression vient de l’idée que, peut-être, selon celles qui l’emploient, il y aurait un inconscient féminin expliquant ce ressenti. Or Freud et Lacan ont déterminé que l’inconscient ignore très probablement le genre. Je cite « ce qui fait la masculinité ou la féminité est un caractère inconnu, que l’anatomie ne peut saisir » (S. Freud, 1933, p. 153). Il montre ici que la différence sexuelle est souvent d’abord appréhendée du côté des apparences mais que du point de vue analytique, la biologie n’est pas porteuse d’un savoir sur le féminin ni le masculin. « Nous disons donc qu’un être humain, mâle ou femelle, se comporte sur tel point d’une façon masculine, sur tel autre d’une façon féminine. Mais vous comprendrez bientôt que ce n’est là que se conformer à l’anatomie et à la convention. Vous ne pouvez donner aucun nouveau contenu aux notions de féminin et de masculin. Cette distinction n’est pas psychologique (…) ». Or de nombreuses personnes pensent que la clé est là. D’où j’imagine le « se sentit femme » ?
    Pour plus de précisions il est utile de lire cette publication de Jennifer Huet.
    https://shs.cairn.info/revue-corps-et-psychisme-2016-2-page-99?lang=fr
    Il convient de préciser qu’elle date d’avant la loi de 2016 qui démédicalise les conditions du changement d’état civil. Ce qui faisait peser un enjeu considérable les personnes trans. Ce n’est plus le cas aujourd’hui et c’est heureux.
    On retrouve bien dans cette publication, basée sur la clinique, l’aspect lié à l’éradication du masculin même il était surévaluée du fait de la contrainte juridique avant 2016. Ce qui conduit aujourd’hui encore à l’idéalisation de ce type d’intervention.
    Claude.

  • Bonjour Claude,

    Merci pour ce commentaire si dense, réfléchi et respectueux.
    Tu prends le temps de poser une pensée complexe, et ça fait du bien, vraiment.

    Tu as raison, le mot travesti est comme « piégé ». Pour certain.es, il reste un mot neutre, un mot « outil », alors que pour d’autres, il est lourd de préjugés, de honte, de souvenirs pouvant être douloureux.
    Et même dans l’article (que j’ai beaucoup aimé lire), je me suis dit qu’il fallait marcher sur des œufs en l’utilisant. Non pas parce qu’il est interdit, mais parce qu’il est… chargé.

    J’ai aimé la manière dont tu parles du curseur mouvant entre expression de genre et transidentité, parce que pour beaucoup — dont moi — le chemin ne se trace pas en ligne droite. Il tâtonne, il glisse, il revient en arrière parfois un peu, parfois beaucoup avant de repartir plus fort. Il y a des étapes, des mots qu’on adopte, d’autres qu’on laisse, des intuitions qu’on suit sans trop savoir où elles mènent.

    Tu évoques aussi quelque chose de très juste à propos de la caricature féminine : oui, le travestissement peut parfois frôler les clichés, mais je me demande si ce n’est pas aussi une tentative désespérée, ou « joyeuse », de s’accrocher à ce qu’on croit être “le féminin” — justement parce que cette féminité nous a été interdite, ou même comme confisquée.
    Et puis certaines exagérations sont aussi des armes de visibilité, ou même d’ironie…

    Quant à ton rapport au « se sentir femme », tu poses là une vraie énigme.
    Moi, je ne peux pas l’expliquer. Je le ressens. Je ne cherche pas un inconscient féminin ou une vérité biologique. Je sais juste qu’il y a en moi une féminité qui me rend vivante, juste, alignée. Simplement

    C’est peut-être social, peut-être symbolique, peut-être spirituel… Je ne sais pas. Mais c’est là.
    Et tu as raison de dire que ce vécu échappe souvent à la raison analytique.

    Merci pour les références que tu partages, notamment celle de Jennifer Huet, que je vais aller lire.
    Merci pour ton exigence intellectuelle.
    Mais surtout, merci pour ton humanité. Tu ouvres, tu questionnes, tu déranges peut-être, mais toujours avec respect.

    Et dans ce monde de discours tranchés, de réponses toutes faites et d’étiquettes figées… ça fait un bien fou.

    Sabine

    • Merci Sabine.

      En effet une pensée complexe. Edgar Morin est mon auteur de chevet depuis quelques mois, ceci explique peut-être cela.
      Le mot « travesti »est piégé, c’est une bonne façon de le qualifier.
      Claude.

    • Bonjour Claude,
      Bonjour Sabine,

      Si je partage votre point de vue sur le côté péjoratif de « travesti », j’y vois également une joie de vivre, pleine et entière, débridée… alors pour moi, il a ce côté péjoratif quand il est utilisé pour blesser… et un côté festif, quand on veut s’amuser…

      Et merci pour vos interventions riches d’enseignement

      Mary

  • Merci Jennifer pour cette explication.

    Je retiens qu’il est important d’être en harmonie avec soi et ses émotions…

    Mary

  • Bel article,beaucoup de bienveillance et d’empathie.
    Tous les messages qui en résultent m’aident à y voir plus clair dans ce tumulte de sentiments qui me traversent au gré du temps.Merci pour ce blog et à celles qui y participent.
    Emily

    • Je suis toujours surprise de lire que ce que nous écrivons soit d’une aide quelconque. Surprise mais finalement heureuse d’avoir l’impression que c’est un peu utile.
      Surprise aussi parce que les choses ont été finalement relativement simple pour moi, ce qui n’exclue pas toute la complexité de la démarche dont je pense avoir conscience.
      Finalement l’essentiel reste de trouver sa propre plénitude.

      • Bonjour Claude,
        En effet cela peut surprendre mais pour mon cas,rien n’eT simple,les émotions prennent souvent le dessus et étant d’un caractère un peu impulsif,je m’y perds.Depuis quelques mois mon épouse est au courant de mes envies et donc il faut gérer,se poser des questions sur soi même,ce qui ne m’arrivait pas avant donc le vécu des personnes qui sont sur ce blog peuvent aider à ouvrir telle ou telle porte.
        Merci en tous cas de nous faire profiter de tes « analyses ».
        Emily

        • Bonjour Emily,
          En effet ce parcours, que l’on soit travesti ou, surtout, transgenre est fait de questionnements. Je dis surtout car lorsque l’on est un travesti il n’y a pas de basculement à organiser vers un autre monde. Toutefois dans les deux cas, cette vie necessite, même ponctuellement, des choix en particulier vis à vis de son entourage. Selon les réactions de la famille, de l’entourage, les difficultés sont plus ou moins grandes. Des changements parfois radicaux s’opèrent alors que nous n’y pouvons rien. Il faut alors les subir.

  • Intéressant et merci pour cet article. Il a le mérite de poser des mots clairs, de les relier à des concepts et participe à clarifier le débat. Mais pour ma part, je pense qu’il y a encore d’autres nuances. Le travestissement comme armure, exploration de soi, des codes féminins perçus: quoiqu’on dise, il reste cette notion de déguisement. Trans: on a fait le pas de changer le genre assigné de manière irréversible.
    Pour ma part, j’ai réalisé et accepté être bi-genre. A savoir que je suis aussi bien homme que femme. Je ne parle plus de « part féminine en moi » car en fait C’EST moi. Je suis homme et je suis femme. Ma féminisation quand elle intervient ne vise plus à me transformer en femme ou la femme que j’aurais voulu être et donc embrasser des codes féminins parfois stéréotypés mais bien de refléter ma vraie personnalité à travers mon apparence féminine.
    Je suis bien en homme, y ai trouvé mon style. Ma féminisation vise maintenant à adapter mon style homme basé sur mon vécu, mes expériences, mes valeurs, etc. à une enveloppe corporelle féminine. A la fin c’est moi, h/f: je ne fais qu’un. Au point que tous ces artifices comme le prénom féminin vs prénom assigné naissance n’ont plus de sens. Je suis moi, en femme comme en homme. Même style, même vécu, même être.
    On est davantage vers la transidentité que travestissement pur. Au final: je veux juste être, librement et sans regards méprisants ou hostiles d’où la quête du meilleur passing possible mais PAS (plus) pour ressembler mais juste pour ETRE, librement.
    Je ne suis pas Drag, pas Queer au sens stricte, je ne me reconnais pas dans Travestie, je suis plus proche de Trans mais je ne le suis pas et ne le serai jamais. Je peine à me situer et peine à me faire des ami(e)s car entre plusieurs univers codifiés et relativement hermétiques auxquels je n’appartiens pas totalement ou pas du tout…. Merci à celles et ceux qui auront eu le courage de lire jusqu’au bout 🙂 .

      • Comme Mary, j’ai lu entièrement votre commentaire.
        J’ai les mêmes interrogations que Mary. Mais certains éléments me semblent contradictoires. La formulation sans doute.
        « Ma féminisation vise maintenant à adapter mon style homme basé sur mon vécu … »
        « Même style, même vécu, même être. »
        Il faut adapter : pourquoi si c’est le même style, le même être. Quelque chose m’échappe.
        « Même être »: le concept me convient, du moins je le conçois même si il ne s’applique pas à moi (mais ce n’est pas le propos). D’un coté je comprends que au delà des deux facettes il s’agit d’un tout qui semble vous convenir mais qu’il faut modifier. A vous lire.

        • Merci Claude et Mary de m’avoir lu. Je comprends vos interrogations et en me relisant, il est vrai que tout n’est pas forcément clair. J’ai écris ce commentaire en une fois, sans relecture, un peu comme un exutoire je pense.
          Ce que j’entends par style et adaptation:
          Pendant très longtemps, et je pense comme nombreuses d’entre-nous ici, j’ai essayé de lutter contre mes « penchants » de féminisation. Afin de les rendre plus acceptables (pour moi), je les ai mis sur le dos de mon penchant pour le fétichisme et le bdsm. Je me suis alors construite autour d’un personnage féminin toujours très apprêté, en talons aiguilles, jupes crayons, cuir, chemisiers satin, cuissardes, etc. J’ai même eu une relation avec une soumise.
          La réalité est que finalement, ce n’est pas moi (ou pas entièrement moi) et que ce personnage me limitait, m’emprisonnait lentement mais sûrement. Il me poussait aussi à ne pas concevoir sortir autrement qu’en jupe, cuir, talons, ce qui résultait parfois en des tenues certes élégantes mais souvent hors contexte pour des sorties shopping en ville en après-midi par exemple ou des bars/restaurants.
          Ce que je tentais d’expliquer, c’est que j’ai réalisé que je n’avais pas besoin de me déguiser, de créer un autre personnage et qu’en fait: je ne le voulais plus et au fond de moi: ne l’avais jamais voulu.
          Aujourd’hui, j’aspire juste à être une femme « normale », toujours élégante, mais en phase avec qui je suis et mon vécu réel et non inventé.
          Je veux être cette femme qui porte et véhicule mon vécu, à travers une attitude et un style propre qui est le mien: une femme ouverte au monde, urbaine, contemporaine, internationale. Une femme qui se laisse la liberté d’être qui elle est, hors des codes, hors des déguisements, des fausses identité. Du street chic aux talons aiguilles: juste être moi. En gros: être tout autant moi en femme que quand je suis en homme car au final, je ne suis qu’un.
          Et les amis: une fois les cercles bdsm/fetish quittés, que reste-t-il? Je ne suis pas une drag, pas une trans, pas queer, pas gay, pas forcément en phase avec les travesties que j’ai pu rencontrer à-date… J’aimerais juste pouvoir rencontrer et lier des amitiés sans étiquette mais ça semble plus compliqué qu’il n’y paraît ou peut-être que je m’y prends mal (possible aussi).
          En espérant avoir su clarifier mon propos. Bon dimanche à toutes !
          En espérant avoir été un peu plus claire.

          • Merci, c’est en effet plus clair.
            Je comprends que vous avez passé du temps dans des archétypes finalement très masculin d’une supposée féminité. Il est possible de s’en servir mais comme j’aime le dire, savoir s’habiller, c’est une question de contexte. On peut être élégante en jean et en ballerines avec, par exemple des accessoires, une belle veste, bien coupée, dans une belle matière.
            Sur la difficulté que vous rencontrez à établir des relations, je saurai pas en dire les raisons. Ce que je peux dire de mon expérience c’est que, si j’ai de très bonnes amies dans la communauté, c’est aujourd’hui en dehors de celle-ci que mes amitiés se développent en dehors de toutes références à la transidentité. Elle est même inconnue pour nombre d’entres elles. Pour mes meilleures amies issues de la communauté nos relations se développent de plus en plus dans des contextes et activités non liées à la transidentité. Par ailleurs les frontières se dissipent. La transidentité n’est plus une ligne de partage. Il serait absurde de considérer que les brunes ne rencontres que des brunes. J’évite absolument que ce soit clivant, ou sélectif. Bref une vie normale.

    • Et bien j’ai lu jusqu’au bout 🙂

      Je n’ai pas très bien compris comment vous êtes quand vous êtes femme, quand vous écrivez : « Ma féminisation vise maintenant à adapter mon style homme ».
      Auriez-vous un exemple de tenue ?

      Autre chose qui m’intrigue : « Je peine à me faire des ami(e)s ». J’ai un peu de mal à comprendre que vous ne puissiez pas trouver des ami(e)s qui vous acceptent comme vous êtes…

      Et surtout, merci pour votre témoignage…

  • Bonjour à toutes,
    très bel article en effet, bravo pour ces explications,
    En ce qui me concerne, je ne mets pas de mots précis sur ma situation, je suis juste un homme marié, père de deux filles, et en secret j’aime porter lingerie, vêtements, maquillage, et tout ce qui a trait avec la gente féminine, c’est mon plaisir personnel.
    Au plaisir d’échanger.
    Olivia

  • Merci pour cet article détaille entre les deux situations travesti ou transgenre bien que la vraie vie est n est pas aussi binaire l’un ou l’autre. Je me sens transgenre sans avoir tous les éléments pour me conforter mais quand même bien dans ma peau de vie partielle au feminin. J’avais toujours des doutes à me declarer ainsi car je ne suis pas opérée. Maintenant plus de complexe pour m’affirmer trans.
    Encoe merci pour les divers articles

    • La transition chirurgicale est le plus souvent l’étape ultime, ou presque. De ce fait la transidentité est établie dès lors que cette étape intervient. En pratique, le plus souvent aussi, car il y a de nombreuses variantes, les transitions sociales, professionnelles, administratives et même médicales (hors chirurgie de réassignation) sont, au minium, engagées, voire achevées.
      Entre ces différentes étapes il peut s’écouler quelques années alors que statut est indéniablement établi.

  • Merci à toutes pour ce débat réfléchi et respectueux et à Jennifer pour son site si riche, qui rend possibles de tels échanges et de telles rencontres, dans un esprit d’empathie qui manque si cruellement sur ces questions parfois.
    J’aimerais tenter une petite contribution à cet effort de définition collectif. Déjà pour souligner l’importance des mots, du langage, qui conditionnent la pensée et détiennent le pouvoir d’inclure ou d’exclure, avec les espoirs et les dégâts qu’ils peuvent produire dans la vie réelle des individus. On vit dans les mots avant de vivre dans la réalité quotidienne car celle-ci est déterminée fortement par le filtre de ceux-ci.
    Il me semble que le mot travesti hérite hélas d’une connotation négative (travesti = travelo) qui peine à être dépassée dans l’opinion commune et que le mot transgenre étant plus neuf dans la conscience collective est à même d’élargir sa signification et de contenir l’idée de travestissement. Le travestissement pourrait ainsi être une sous-catégorie de la catégorie de transgenre. Se travestir, n’est-ce pas une tentative ponctuelle mais toujours réitérée pour migrer vers l’autre genre et intégrer un habitus féminin, selon des modalités très variables, qui peuvent aller, pourquoi pas, jusqu’au stéréotype ? La « transgenrité » étant plus structurellement marquée car conduisant à une migration plus définitive de toute la personne ? Être transgenre et assumer jusqu’au bout, par la transition, cette métamorphose de soi, passe sans doute par la case travestissement. De ce fait, se travestir, n’est-ce pas quand même déjà être un peu transgenre, non de manière permanente et intentionnellement irréversible, mais de manière suffisamment répétée pour marquer une continuité significative ? Je ne sais si je suis suffisamment rigoureuse dans ce que j’exprime mais j’aimerais utiliser des concepts qui soient le plus englobants possibles, sans toutefois renoncer à l’esprit de nuances. Ces quelques lignes ne sont qu’un modeste effort de clarification (pour moi déjà et grâce à vous!), que j’essaie de faire partager sur ce fil de discussion. Elles ne prétendent surtout rien clore mais seulement permettre de susciter des réflexions.
    Merci à vous toutes pour la qualité de vos interventions et à Jennifer pour son article si stimulant! Ce que vous rendez possible est si rare, me semble-t-il…
    Alicia

    • Le mot travesti est le plus souvent détesté par les travestis eux-mêmes. Combien de fois me suis-je entendue reprocher l’emploi de ce terme. Or pour moi c’est un mot comme un autre qui recouvre une réalité et rien de plus. Son côté péjoratif est largement alimenté par les travestis eux-mêmes.
      Pour le grand public toutes les notions sont confondues, travestissement, transidentité, etc …
      J’en viens à préciser que je récuse l’idée de vivre dans les les mots, par les mots. Je vis dans la réalité du quotidien. J’y suis confrontée comme n’importe quelle autre femme, que ce soit positivement (le labo de biologie qui me demande la date de mes dernières règles) ou négativement (oui mais vous êtes une femme).
      Je suis d’accord sur le passage par le travestissement qui précède souvent la découverte de qui l’on est vraiment, c’est à dire la découverte de sa transidentité. Cela peut prendre la forme d’une révélation brutale, soudaine, en générale imprévue mais ce peut être aussi un travail, en général lent, avec ou sans l’aide de
      professionnels de santé (psychologue).
      Au delà je ne partage pas, ou plutôt peu, l’idée que être un travesti c’est être « un peu » être transgenre. les motivations des travestis sont, souvent, d’un autre ordre que celles de la transidentité. Mes observations de terrain me le prouvent très régulièrement. Les travestis me disent souvent « Mais je ne suis pas trans ». En effet. D’autre part je peux le confirmer en observant les très nombreuses invitations reçues sur Facebook de travestis qui recherchent essentiellement des rencontres à caractère sexuel.
      D’autre part le travestissement consiste à accumuler, à empiler des éléments que l’on attribut à la féminité selon des critères, des stéréotypes essentiellement masculins. Dans la transidentité on est surtout préoccupée par l’expulsion, la suppression de tout ce qui ramène au genre masculin. A quelques exception près le travesti ne souhaite pas migrer vers le genre féminin. Il se travesti et si cela lui convient je n’y trouve rien à redire et c’est très bien comme cela.
      Les deux démarches sont assez opposées même si matériellement elles peuvent s’exprimer sous des formes proches. Trop souvent l’apparence du travesti est outrée. A ce stade on touche aux limites de l’exercice et je regrette souvent l’image qui est véhiculée de la transidentité. Image nuisible et destructrice. Typiquement cette outrance l’éloigne de la réalité, elle ne permet pas de prendre les transports en commun par exemple. Elle trouve sa place dans des environnements contrôlés, dans des parenthèses de la vie quotidienne. Comme m’a dit un jour ma compagne à propos d’un travesti « exubérant », disons le ainsi, si c’est ça l’image qu’ils ont de la femme … Elle était choquée par cette représentation de la femme. Pour une femme transgenre il s’agit davantage de se fondre dans la masse.

      • J’aime beaucoup ce fil de discussion et les différents points de vue partagés avec respect, écoute et bienveillance.
        J’aimerais rebondir sur un terme utilisé par Claude, que j’avais aussi utilisé et qui semble primordiale pour certaines d’entre-nous: « normalité ».
        Personnellement, comme je l’ai écrit plus haut, je me suis acceptée, j’ai accepté être bi-genre et embrassé mon autre genre non assigné. Je me sens bien en femme, je suis suivie par une amie qui m’aide beaucoup dans mon passing, qui « m’apprend » à m’épanouir dans ma féminité et surtout, qui me voit comme la femme que je suis.
        ça peut paraître anodin pour celles qui sont passé par la chirurgie, mais à ma petite échelle, ça m’a demandé du courage: de m’accepter, de m’aimer, de me construire femme et laisser fleurir ma féminité et surtout, de l’avouer à mes proches et leur faire comprendre que ce sera toujours moi, quelle que soit la manière dont ils me verront: homme ou femme.
        Où cela va-t-il me mener à terme? Je ne sais pas et l’avenir le dira. Ce dont je suis sûre néanmoins, c’est que ma vie de femme doit se passer de la manière la plus fluide et normalisée possible. Je veux juste être bien, heureuse et en harmonie avec moi-même.

  • J’aimerais juste revenir sur la question abordée plus haut par Claude, Sabine, Elise…, à propos du fait de « se sentir femme », il y a là quelque chose en effet de vraiment difficile à appréhender… J’ai l’impression que cette réalité n’ayant dans l’histoire jamais vraiment eu l’occasion d’être abordée, précisée, en raison d’une « silicatisation » systématique de nos existences et de notre condition, c’est un peu à nous désormais qu’il revient d’en construire le sens, de l’intérieur, à partir de nos vécus de conscience. Une hypothèse pourrait être la suivante : les femmes cisgenres n’ont pas à « se sentir femmes » puisqu’elles le sont d’emblée, à la fois par leur biologie et par le façonnage social de leur genre. C’est un peu comme la respiration : quand on respire, on ne se sent pas respirer. On n’y pense pas, en fait. Mais pour peu qu’on respire mal et qu’on retrouve par la suite cette capacité, alors on se sent respirer plus pleinement, plus largement, avec bonheur. Je crois que la perception transgenre nous expose à un manque initial, pour nous un manque d’expression du genre féminin. Nous sommes obligées de conformer notre genre à notre anatomie pour satisfaire un ordre social conservateur, marqué depuis longtemps par la religion et le patriarcat, qui réclame simplicité et binarité et déteste par principe la complexité et la fluidité du réel. Si nous ressentons individuellement un décalage, une « dysphorie », ce manque creuse un désir d’autant plus ardent d’expression féminine. Et quand, par travestissement ou par transition, nous coïncidons enfin avec la partie sacrifiée de nous-mêmes, c’est comme une respiration retrouvée : alors on peut concevoir que nous nous « sentions femmes », jusqu’à l’euphorie, parce que le monde nous prive ordinairement de notre féminité. Je ne sais si ce que j’essaie d’exprimer est clair et pertinent, c’est un peu une intuition lancée en l’air pour saisir l’insaisissable…
    Merci encore à toutes de permettre ce dialogue et à Jennifer d’en être l’initiatrice!
    Alicia

    • Coucou Alicia,
      Comme le disait Simone de Beauvoir, « On ne naît pas femme, on le devient ». Cela veut dire que la féminité n’est pas une essence “naturelle” donnée par la biologie, mais une construction : la société, l’éducation, la culture imposent aux filles un certain rôle, qu’elles finissent par intégrer au point qu’il leur semble aller de soi.

      Ce que tu exprimes est donc très juste : pour les femmes cis, ce façonnage est tellement total qu’elles n’ont pas à “se sentir femmes”, c’est devenu une évidence intériorisée. Pour les personnes trans, ce “devenir” a été entravé. Elles doivent le reconquérir, parfois douloureusement, parfois avec euphorie, et c’est ce qui rend le rapport à la féminité si conscient et si intense.

      Du moins c’est comme cela que je vois les choses..
      Sabine

    • Ce point a été abordé par Freud dès 1933.
      Vous nous dites  » les femmes cisgenres n’ont pas à « se sentir femmes » puisqu’elles le sont d’emblée, à la fois par leur biologie et par le façonnage social de leur genre.
      Je peux dire, de mes observations de terrain, en particulier dans un cours de danse où la question est centrale, que ce n’est pas l’évidence que vous supposez. Pour avoir discuter, même très brièvement, avec plusieurs d’entre elles. La question se pose et ne va pas de soi.
       » par transition, nous coïncidons enfin avec la partie sacrifiée de nous-mêmes, c’est comme une respiration retrouvée : alors on peut concevoir que nous nous « sentions femmes », jusqu’à l’euphorie ».
      Non plus, en grande partie. Si ce n’est pas fait je vous invite à lire la parution de Jennifer Huet que j’ai mentionné dans ma première intervention. Je peux témoigner que la transition chirurgicale ne provoque pas l’euphorie que vous évoquez. Elle n’en est pas moins nécessaire. Il est toutefois important, comme le souligne Jennifer Huet, de ne pas idéaliser cette opération.
      Plusieurs copines, des travestis, m’ont demandée « Alors du dois te sentir plus femme ? ». La réponse est non aussi étonnant que cela puisse sembler.

  • Coucou Sabine, c’est exactement cela, oui, que je souhaitais pouvoir exprimer… Merci de m’avoir lue et de remplacer le mot « silicatisation » (non, ce n’est pas un nouveau concept, c’est simplement une faute de frappe de ma part!) par « silenciation » qui veut davantage dire quelque chose 😉.
    Alicia

  • Merci Claude pour ce rebond sur ce qui n’est de ma part qu’hypothèses ne se fondant pas sur le même vécu que celui que vous évoquez. L’expérience de transition que vous avez traversée (et que je ne connais pas) donne sans doute une plus grand autorité à vos réflexions, ainsi que l’intéressant contexte du cours de danse, qui constitue un véritable sondage sur ce qu’est se sentir ou non « femme ». Vous parlez de Freud et je serais curieuse d’avoir les références précises de sa théorisation car le point de vue de la psychanalyse ne peut qu’être éclairant sur le sujet. Par ailleurs, j’ai pu lire l’article de Jennifer Huet dont vous parlez et comme il m’a laissé dans l’esprit un petit soupçon, quelques questions me viennent à son propos. Cet article offre incontestablement un éclairage à la fois compétent, lucide et étayé sur les attentes et les suites d’une opération de réassignation sexuelle. Néanmoins, il me semble (et je mets beaucoup de précautions dans mon propos qui n’est générateur d’aucune certitude) que cette analyse met en lumière certains aspects tout en laissant certains autres dans l’ombre. Par exemple, l’autrice évoque l’attachement de la patiente opérée envers son chirurgien, qui se trouve assimilé à un père de substitution, dont elle doit se détacher bien vite, à l’issue du protocole de sortie, de façon d’ailleurs mal vécue car propre à réactiver le schéma œdipien. Mais quid de LA chirurgienne? Toutes les personnes qui opèrent ne sont pas nécessairement des hommes et pourquoi d’ailleurs ne pas préférer se sentir accueillie en tant que femme par un regard féminin plutôt que par un regard masculin ? Je ne peux m’empêcher de trouver cela peut-être un peu partiel, voire partial. De même, dans la conquête de l’identité féminine lors de la suite plus lointaine de l’opération, c’est toujours à travers le seul prisme du désir masculin que l’homologation de soi en tant que femme se fait, ce qui reconduit le préconçu énoncé auparavant. Seul ferait loi et jugement un regard hétéronormé ? Concevoir que l’on puisse être adoubée femme par d’autres femmes n’est tout simplement pas envisagé, ce que je trouve problématique, étant donné que nombre de femmes cisgenres avouent ne pas reconnaître une femme transgenre en tant que femme, en tant que « vraie » femme, faisant alors coulisser la question vers « qu’est-ce qu’une « vraie » femme », ce qui peut sembler également problématique : faut-il alléguer un cachet d’authenticité pour être femme ? Ce qui fait l’être-femme n’est-il pas en devenir justement, comme l’a laissé entendre Simone de Beauvoir, susceptible de faire entrer dans ce concept du féminin des variations, des éléments nouveaux, qui empêcheraient de figer l’identité féminine de manière immuable ? Et lorsque je me suis reportée sur d’autres publications de cette même autrice, notamment un article dans Cairn, intitulé « La question de l’être et de l’avoir entre transsexualisme et hystérie », il m’a là aussi semblé que les analyses de cette psychologue clinicienne visaient à distiller le même esprit de dissuasion envers le parcours des femmes transgenres, invitant en filigrane, avec des arguments par ailleurs informés et convaincants, à renoncer peut-être à de tels efforts car vecteurs d’une souffrance inanticipable que seule la reconstruction par le social serait en mesure d’atténuer. Si bien qu’un doute a fini par planer en moi sur tant de doutes conjugués, me faisant m’interroger sur d’éventuels biais idéologiques d’une telle position… Or n’y a-t-il que des témoignages qui vont dans ce sens ? N’y a-t-il que fantasme pré-chirurgical et désillusion post-chirurgicale ? Il y a probablement du vrai dans ces propos, éclairés qui plus est par la lumière psychanalytique… Mais existe-t-il des contre-feux venant de la même région intellectuelle ? La psychanalyse a-t-elle sur cette question le monopole du vrai, si tant est qu’on puisse le saisir ? Vous voyez, cela fait beaucoup de questions, peut-être pas toutes pertinentes, mais qui ne visent qu’à prolonger la réflexion…

    • Je reviens en détails sur différents points.

      Le cours de danse.
      La nature de ce cours, danse en talons, fait qu’il n’y a que des femmes. L’accent est mis sur la féminité, pas la vulgarité. La professeure déteste cela. Premier détail significatif, une petite règle de ce cours: on ne danse pas sans son rouge à lèvres. Pour l’une des participantes il faudra 3 semaines avant qu’elle vienne avec le sien. Elle oublie toujours. Certaines, dont je fais partie, arrivent au cours avec leur lipstick, d’autres le mette juste avant le cours. Mais il m’est arrivée de voir qu’elle le retire avant de rentrer chez elle.
      Dans les chorégraphies on touche son corps parfois, on se déhanche, on ondule. Poser les mains sur la poitrine est régulièrement un problème pour certaines. Elles lèvent les mains pour ne pas toucher leur poitrine.
      Bouger les épaules peut aussi s’avérer problématique, comme se regarder dans la glace pendant le cours.
      Je peux multiplier les exemples vécus. Je peux dire que pour au moins 25% des filles, cette féminité, ce « se sentir femme » est loin d’aller de soi. J’ai aussi pu parfois discuter des motivations, pas à mon initiative, avec certaines qui m’ont parlé spontanément de leurs attentes. C’est tout à fait étonnant. Je cite quelques propos:
      « Je cherche ma féminité »
      « Être une femme, c’est quoi l’avantage ? »
      Tout cela m’a conduite à penser que c’est loin d’être inné, qu’elle ne savent pas et que le sexe biologique ne garantit rien de ce ressenti que les femmes n’aurait pas besoin d’appréhender parce qu’elle son des femmes. Ce n’est pas la cas.

      Quid de la chirurgienne ?
      La question est judicieuse, j’en sais quelque chose. Tout d’abord les chirurgiennes ne sont pas nombreuses. C’est encore beaucoup une profession d’hommes. Et celles qui ont une grosse expérience sur ces chirurgies se comptent,peut être, en France, sur les doigts d’une main. J’ai délibérément choisi une chirurgienne. Et cerise sur la gâteau, toute l’équipe du bloc opératoire était féminine. Ce sont six femmes qui ont réalisé l’opération. Mon sentiment est d’avoir été accueillie pleinement dans la communauté féminine par ces six femmes. En hospitalisation ensuite il n’y aura qu’un infirmier, hautement compétent, et percevant très bien ce que nous sommes. Lors d’un geste thérapeutique susceptible d’être douloureux il me dira faire attention car me dit-il « ici on ne veut pas que les dames repartent avec des mauvais souvenirs ». De ce fait mes rapports post opératoires avec la chirurgienne seront plutôt de l’ordre de la sororité. Il se trouve que Jennifer Huet connait bien la chirurgienne en question. Elles travaillent ensemble. Lors d’une consultation post opératoire je faisais remarquer à la chirurgienne que la psy était « très forte ». Réponse de la chirurgienne: « Pourquoi croyez-vous que nous travaillons avec elle ? ». J’ai trouvé cette même sororité auprès de l’infirmière dédiée qui m’a suivie avant l’intervention et après.

      La reconnaissance
      Je pense que le sujet évoqué, être adoubée par les femmes cis, n’est pas celui qui est traité dans l’article.
      Je peux témoigner qu’il n’y a aucun biais chez Jennifer Huet, aucune volonté d’être dissuasive. Elle est lucide sur ce qui se produit. Elle accompagne en toute franchise et lucidité. Alors qu’il n’y aucune demande de ma part mais une toute autre raison, elle passera me voir en hospitalisation quelques jours après l’opération.
      Je peux aussi rapporter quelques éléments de mon expérience qui contredisent un hypothétique refus à notre égard des femmes cis. Bien sûr il y en a et l’exemple le plus criant est celui des femellistes (Dora Moutot, Marguerite Stern). Ici on frôle le délire. Peut-être à une exception près (dont je ne suis pas certaine) aucune femme ne m’a jamais opposée le fait de n’être pas une « vraie femme ». Comme m’a dit l’une d’elles « bienvenue dans notre monde ». Si je regarde les réactions des femmes de l’équipe médicale, c’est une acceptation pleine et entière. J’en veux pour preuve le bonjour matinale de l’aide soignante (qui exécute des tâches difficiles et peu agréables) : « Bonjour miss, comment ça va ? ». Ou encore cet échange dans le bureau de la chirurgienne. Son assistante entre, me voit:
      « Mais vous avez l’air rayonnante ! »
      Commentaire de la chirurgienne : « Mais qu’est-ce que tu crois … ».
      Je dois dire être sensible bien sûr à la reconnaissance. Lorsqu’une infirmière me dit, lors d’une consultation post opératoire, « Vous êtes très chic ce matin. », je ne boude pas mon plaisir.

      La pratique psy clinique.
      Lors de mon premier contact téléphonique avec Jennifer Huet, sur un sujet non directement lié à la transidentité, une phobie des geste médicaux, elle a jugé utile de m’informer « de ne pas idéaliser cette opération ». C’est en effet un danger car alors on s’expose à des désillusions. C’est finalement le propos de son article. Pour dire les choses d’une façon non savante et reprendre les propos d’une copine « Tu verras ça ne change rien et ça change tout ». Cette mise en garde est hautement justifiée lorsque je lis les propos de certaines sur Facebook. Pour reprendre un des plus caricaturaux : « Maintenant je suis une vraie femme ». Elles se trompent. Elles seront déçues. Lorsque j’ouvre les yeux en salle de réveil c’est simplement le sentiment d’une mise en cohérence, rien de plus. Contente mais pas euphorique.

      Il y aurait encore énormément d’anecdotes éclairantes à relater.

  • Alicia,

    Quelques éléments, rapidement.
    Me concernant : https://transbeaute.fr/claude-transition-transbeaute/
    Il se trouve que j’ai rencontré Jennifer Huet. Pas pour des raisons directement liées à la transidentité. Pour des raisons connexes.
    Quid de LA chirurgienne ? Justement j’y reviendrai
    Un point très important, essentiel, la publication de J Huet a été écrite avant la loi qui demédicalise la requête de changement d’état civil.

  • Claude, merci vraiment d’avoir pris la peine de me répondre avec autant d’implication, de sincérité et de profondeur. C’est vraiment très éclairant et cela dissipe absolument le soupçon mal fondé que j’avais eu à la lecture de Jennifer Huet. Comme quoi, toutes les Jennifer sont super 😉 Sur toutes ces questions délicates, essentielles, une analyse qui vient du terrain est précieuse. De tels témoignages avec leur écho réfléchi et nuancé font du bien à lire et œuvrent dans le sens du progrès nécessaire du corps social, à rebours des positions pathétiques et révoltantes de malhonnêteté intellectuelle (mais hélas surmédiatisées) des Stern et Moutot, qui font régresser la sororité et un authentique féminisme. Le féminin n’est pas une chasse gardée et les femmes biologiques n’en sont pas les propriétaires. Comme vous le montrez, leur savoir là-dessus peut se révéler si hésitant qu’il n’invite à aucun dogmatisme. La réaction des femmes qui vous ont entourée est radieuse d’humanité et cela doit vraiment faire plaisir de se sentir confirmée ainsi. Cette générosité est d’autant plus nécessaire quand, au fond de soi, il n’y a aucune évidence mais qu’un immanquable besoin de reconnaissance se fait sentir. Après tout, on se construit dans le regard des autres et ce n’est pas le sexe biologique à lui seul qui peut déterminer qui et ce que l’on est. Il est comme aveugle et ne prend sens qu’à travers la réception encourageante d’un entourage, dont le rôle quasi « performatif » fait advenir ce féminin si difficile à exprimer. Ce qui se passe dans un cours de danse est particulièrement révélateur du rapport que les femmes ont avec leur propre corps. Avec cette distinction entre féminité et vulgarité, qui s’inscrit sur toute une échelle d’interprétation sociale du féminin, lequel est assez indéfinissable…

    Au fond, dans tout cela, je me dis que la question de la perception est centrale. Sans doute qu’il est difficile de dire ce que c’est que de « se sentir femme », que l’on soit cisgenre ou transgenre, en tout cas, deux choses m’apparaissent (semble-t-il) : 1) plus on exprime (sans les hypertrophier) les signes sociaux de la féminité (vêtements, allure, gestuelle, maquillage…), moins ceux de la masculinité sont vécus ; l’inversion des rôles, quand on arrive à « passer » s’éprouve réellement, de l’intérieur comme de l’extérieur : quand on vous appelle spontanément « Madame » dans la rue, quand d’autres femmes vous disent « Bienvenue dans notre monde », vous savez que quelque chose a changé et que vous ne pouvez plus vous percevoir « en homme ». Vous ne percevez certes pas l’évidence d’un « ressenti féminin », mais vous vous « sentez » désormais autre part, en tout cas à votre place, ajustée, justifiée. Vous dites d’ailleurs que cette transition était, pour vous, « nécessaire ». S’il est difficile de savoir ce que c’est que de se sentir femme, on ressent ce que ça fait que de ne plus être perçu comme homme par les autres. Le centre de gravité « erre » ailleurs, si vous voulez… Il s’agit, après, de « jouer » au mieux le rôle social que la logique de l’apparence enjoint à tenir et c’est un rôle qu’on ne peut jouer toute seule, par définition. 2) si « se sentir femme » est quelque chose de flottant, si aucune évidence n’est attestable sur ce point, devenir femme, quand on se situe ou qu’on s’est située dans une inscription biologique opposée, n’est pas pour autant une simple et superficielle « comédie des apparences ». Porter du maquillage, des talons, une robe et, quand c’est le cas, des cheveux artificiels, et soigner une démarche et une élégance toute féminine ne se résume pas à la satisfaction d’un simple « déguisement », comme j’ai pu parfois hélas l’entendre dire autour de moi. Il y a quelque chose qui va bien plus loin que la surface, un trouble (et une certaine ivresse pour quelques-unes) de la métamorphose. C’est un voyage profond à l’intérieur de ses propres possibilités d’être, une exploration passionnante et passionnée, une navigation nouvelle aussi à l’intérieur du corps social, qui rejoint la description de Sabine, énoncée plus haut… Et là, si on ne se sent pas femme, on ne se sent plus vraiment homme, avec aussi toute la vulnérabilité que cela implique. La femme devient un peu le « présent de l’homme », pour parodier Aragon! Et l’on marche parfois au bord du vide…

    Sinon, merci aussi, Claude, pour les renvois bibliographiques freudiens que je n’avais pas vus à la fin de l’article de J. Huet et auxquels je vais me reporter…

    Et merci encore à Jennifer, qui rend toutes ces discussions possibles!

  • En remontant le fil de la discussion, je m’aperçois que je n’avais pas lu certains points de réponse de Claude et un contrepoint d’Elise. J’avoue qu’en entamant cette discussion et en tant que toute nouvelle venue sur ce blog, je ne m’attendais pas à dialoguer de façon aussi dense ! En effet, si nous ne sommes pas toutes d’accord sur tout, ces discussions offrent un nuancier d’impressions et de réflexions étendu et les points de vue essaient toujours d’être argumentés et d’aller plus loin. Pour moi, c’est vraiment stimulant. Bien souvent, dans les débats d’aujourd’hui on ne s’écoute pas, la volonté n’est pas de rechercher et de construire une vérité mais d’avoir raison, contre les autres, par des rhétoriques malveillantes et des affirmations non justifiées. Quel intérêt ? Là, l’échange fait naître des idées qu’on n’aurait pas eues toute seule et je trouve cela réjouissant. Et puis on parle, me semble-t-il, de choses vraiment sérieuses, graves même, qui touchent à nos vies mêmes, à notre liberté, à notre place dans la société, à l’identité et aux relations humaines, alors que tout de même nous passons auprès de beaucoup pour d’extravagantes et superficielles émanations de la « Cage aux folles »! J’imagine que nombre d’entre vous ont vu le bouleversant documentaire de Lifschitz, « Casa Susanna », sur ces pionnières de la transidentité qui se réunissaient périodiquement et clandestinement aux Etats-Unis dans les dangereuses années 60 pour vivre des morceaux de vie commune. J’ai l’impression que, sous une autre forme, l’initiative de Jennifer ranime cette flamme…

    Je reviens donc sur deux points.

    La réalité et les mots d’abord. Pour ma part, je n’arrive pas trop à dissocier la réalité quotidienne de la représentation qu’on s’en fait par le langage. Et du coup, j’avoue ne pas trop savoir ce que c’est que « la » réalité… Ce qui est réel est pétri par les mots que nous employons, qui nous la font voir d’une certaine manière et se déposent plus ou moins passivement dans la conscience collective, formant les idées reçues, les préjugés qui formatent la société. La réalité qui est la nôtre n’est pas la même vue par Paul Preciado, auteur de « Dysphoria mundi » et par la très freudienne Elisabeth Roudinesco qui parla à notre propos « d’épidémie transgenre »… Elle n’est pas la même pour les progressistes « woke » que pour Donald Trump qui parle à notre égard de « transterrorisme »… Quand on injecte de tels mots, avec une telle charge négative, je crois que la réalité s’en ressent et que cela peut opérer des dégâts considérables dans les esprits. Si nous nous battons dans les mots et pour les mots, c’est parce qu’ils contiennent des idées, et qu’il y a une force de ces idées, et c’est justement pour faire advenir une réalité autre, où l’on espère que les gens penseront d’une manière différente notre existence, comme la leur aussi d’ailleurs. Cet article même montre combien l’importance des mots est décisive, puisque nous essayons de définir la distinction entre travestissement et transgenrité. On pense sa vie avec des mots, et souvent à l’intérieur de ceux des autres hélas, ce qui nous force parfois à inventer les nôtres. Du moins c’est ainsi que je vois les choses.

    Ensuite, le mot et la question du travestissement justement. C’est compliqué à penser car on peut trouver, comme vous le faites d’ailleurs, que le travestissement « comporte parfois une dose de transidentité », puis estimer plus loin que « les motivations des travestis sont souvent d’un autre ordre que celles de la transidentité »… Je partage votre embarras… Tout se passe en effet entre le « souvent » et le « parfois »… J’aurais tendance à penser selon la première option. Sans doute, il existe une version « dragqueenisée » du travestissement, (c’est d’ailleurs, vous avez raison, celle que l’opinion utilise couramment pour le discréditer à l’envi) mais le documentaire « Casa Susanna », par exemple, laisse voir une représentation bien plus normalisée, avec toutes ces femmes qui se veulent ordinaires sans renoncer à l’élégance. Je crois qu’il existe un bonheur de se vivre ainsi, de sortir ainsi, dans une féminité recherchée mais une féminité d’anonymat (et là je rejoins complètement ce que dit Élise). Et c’est bien pour cela que je n’arrive pas à détacher le mot « travesti » de sa connotation péjorative, il n’est pas « un mot comme un autre » (il aurait pu!), il est devenu, à mes yeux, une réalité, une réalité entachée, un concept triste… Je lui préfère le terme de « transgenre », étymologiquement plus proche de l’idée d’une « traversée des genres », et moins associé à l’idée de simple « vestimentation », plus superficielle et associée souvent à celle de « déguisement », de « mascarade » et donc de tromperie des apparences, alors qu’il peut s’agir en vérité d’une authentique et profonde expression de soi… Si on répugne à employer certains vocables, c’est parce que notre réalité ne s’y reconnaît pas. Si on s’empresse d’en adopter d’autres, c’est parce qu’on se dit « oui c’est moi! »…

    • C’est certain, ce sont des choses à prendre au sérieux.
      De mon point de vue, mais celui-ci ne concerne que moi, dans le sens où j’en ai la possibilité, la réalité est devenue simple. Sur le plan du genre, je suis une femme comme les autres. Tout le reste n’est qu’épiphénomène. Je le gère si besoin mais c’est rare. Je me sens dégagée de tout le reste concernant les mots (les maux aussi, je fais ma Jacqueline Lacan). Mon résumé tient dans cette phrase : je suis une femme, transgenre certes, mais une femme.

      Je pense qu’il peut y avoir un certain recouvrement entre travestissement et transidentité mais il s’agit pour moi de deux choses bien différentes. Pas question de substituer un terme à l’autre.

      Pour le grand public non informé, tout est travestissement avec un lot plus ou moins grand de connotations négatives.
      Pour les travestis, c’est chercher à botter en touche en se disant transgenre pour déjouer justement ces connotations.

      Très schématique, j’en conviens. Nos échanges le disent, mais ce que je vois, hélas, trop souvent me le montre. Donc effectivement nous ne sommes pas toutes d’accord sur tout. Si on peut en parler posément, c’est déjà bien.

    • Coucou Alicia, tes analyses sont riches. Mais dis-moi simplement : au fond, tu en es où — questionnement, affirmation, peur, confiance, ou les deux, les trois, perdue ?

  • Coucou Sabine, merci pour ton retour… Mes analyses participent des réflexions que vous vous faites un peu toutes et auxquelles j’ai eu plaisir à me joindre… L’échange avec Claude était très édifiant et je la remercie. Mais, derrière les idées, ta question cherche la personne concrète et va droit à l’essentiel. Je dirais que je ne me sens pas perdue sans m’être tout à fait trouvée… C’est un chemin de patience, fait de questionnement (c’est un peu dans ma nature, une vie sans examen perdrait pour moi de son goût…) et d’affirmation progressive de ce que je suis, avec une confiance gagnée pas à pas, entre audace et prudence, sur un contexte de vie qui ne s’y prête pas (comme pour un certain nombre d’entre nous toutes, sans doute…). Ce qui veut dire : pas de transition en vue mais du dysphorique qui contraint à pas mal de funambulisme pour ménager un entourage que je ne veux pas perdre. Rien que d’assez ordinaire en somme…

    • Coucou Alicia,

      Ta réponse m’a profondément parlé — vraiment. Merci d’avoir posé ces mots avec autant de clarté et de sincérité.

      Je te le dis franchement, entre nous : je faisais — et cela m’arrive encore, même si de plus en plus rarement — exactement ce que tu décris. Ces allers-retours entre questionnement et affirmation, cette marche sur la corde, ce funambulisme émotionnel… Au début, je croyais que ça passait, que je pouvais gérer. Mais j’ai compris que ces oscillations finissent par user. Elles peuvent même devenir dangereuses — au sens propre comme au sens figuré : fatigue morale et mentale, perte de confiance, blessures relationnelles, fuite, non-acceptation, évidences repoussées et, parfois, décisions prises sous pression.

      J’aurais aimé faire l’économie de cette phase. Était-elle nécessaire ? Peut-être… Je ne le saurai jamais. Mais ce qui est certain, c’est qu’inéluctablement je revenais toujours au même point. Et j’ai fini par comprendre que seul le concret permet d’avancer. Même si cela fait peur, chaque pas posé dans le réel ferme la porte au retour en arrière, pour mon plus grand bien.

      Et pourtant, ce que tu dis sur la patience, sur le chemin qui se construit pas à pas, résonne fort en moi. Ta manière de garder à la fois l’audace et la prudence, je la trouve très forte.

      Parfois, la destination est commune, mais les chemins sont très différents. J’avoue, cette phrase n’est sans doute pas de moi : je l’ai sûrement lue, entendue ou bien synthétisée quelque part dans mon esprit… LOL.
      Bien sur ce n’est que mon point de vue.

  • Coucou Sabine,

    Nous vivons toutes des situations où ce que dit l’une résonne souvent chez l’autre, du fait d’une sorte, en effet, de communauté de destin, même si des variations apparaissent, considérables parfois.
    Ton éclairage et tes impressions témoignent d’une similitude de nos parcours… Et aussi, de ton côté, d’un dépassement. D’un espoir qui aurait cette forme : une porte qui s’ouvre devant soi pour être refermée derrière soi.
    C’est à réfléchir, de tout son être. Et avec toute l’histoire qui nous constitue chacune.
    En tout cas, merci, vraiment, pour l’intention de ce message aux mots choisis, qui va dans le sens de la vie non dissimulée, de l' »existence » au fond (sortie de soi)…

    • Coucou Alicia,

      Ta réponse m’a beaucoup touchée. La manière dont tu as repris l’image de la porte résonne fort en moi. Oui, c’est exactement ça : avancer, franchir, et sentir que le retour en arrière n’est plus envisageable.

      Tu dis que tu perçois chez moi une forme de dépassement. Je le reçois comme un cadeau, même si ce dépassement n’a rien d’un long fleuve tranquille — il s’est construit au prix de beaucoup d’usure et de vertiges. Parfois douloureux que je me suis infligés moi-même, alors même que j’étais extrêmement bien entourée… Comme quoi, on peut très bien se fabriquer sa propre prison alors que l’entourage tend les clefs.

      Si je devais situer les choses sur une sorte de timeline, je dirais que je me trouve quelque part entre toi et Claude. Toi, dans ce funambulisme réfléchi et déja courageux ; Claude, dans cet aboutissement serein…
      Et moi, au milieu, en apprentie+++, avec encore parfois des questions ( mais n’en aurais plus un jour ?LOL), qui avance avec ses tremblements , mais avance quand même. Qui avance parce que le concret finit par prendre le relais. Et puis Claude donc. Claude, c’est presque « l’ultime boss de fin de parcours » 😅 — j’espère qu’elle ne m’en voudra pas pour cette comparaison !

      Alors oui, nos chemins sont différents, mais ce sentiment de communauté de destin dont tu parles me semble tellement juste. Et c’est ce qui me fait croire que chacune de nos voix, même dans leurs nuances, nourrit les autres.

      — Sabine

  • Sabine,
    je prends cela comme un compliment. Cela dit valide rien ni personne, mais cela tu le sais.
    Je reviens sur le funambulisme. C’est ce que j’ai appelé « l’entre deux ». J’y ai été confrontée brièvement. Brièvement parce que cela ne me convenait pas du tout. J’ai vite décidé d’y mettre fin. Mon planning s’en est trouvé accéléré. Il faut préciser que ce n’est pas forcément simple pour toute mais comme j’en avais la possibilité j’ai saisi l’opportunité.

  • Bonsoir Sabine,

    Oui, certaines ont fait le chemin jusqu’au bout, d’autres sont à mi-parcours ou restent en rade… Mais je me dis (est-ce une façon de se rassurer ?) que, peut-être, cette représentation n’est pas la bonne, elle suppose une même « ligne » commune, sur laquelle certaines seraient plus en « progrès » que d’autres. Or ce que tu évoques, quand tu dis que nos voies sont toutes différentes, s’acheminant chacune selon sa mesure et sa vitesse, me parle, du coup, davantage, même si une même « cause » nous réunit toutes. Je dirais qu’on est sur une même ligne de départ mais pas forcément pour une même ligne d’arrivée. L’appel du féminin va de la nécessité intérieure absolue (tellement impérieuse qu’elle force à l’irréversible d’une transition), à des impératifs plus sporadiques, plus réversibles, contraignant à un mode de vie plus « sinusoïdal », avec des pics d’intensité et d’inévitables retombées. Mais, dans tous les cas, se vit une telle plénitude que c’en est confondant, parce que c’est de l’ordre de l’évidence et que l’évidence est inexplicable, elle est sans pourquoi et s’impose à nous. Après, ce sont peut-être deux formes, aussi, de bonheur, qui nous conviennent: soit, comme Claude, un bonheur stable et durable, une tranquillité d’âme (je crois), soit un bonheur de contrastes, avec des hauts et des bas.
    Et puis, il y a ce qu’on peut (l’entourage ne nous donne pas toujours les clés, pour reprendre ton heureuse expression) faire de sa vie pour qu’elle soit un minimum vraie, libre et moralement acceptable… À partir de quelle dose d’égoïsme il est possible de sacrifier certains liens ? À partir de quelle dose d’amour il est possible de renoncer à soi ou à une partie de soi ? La peur de tout perdre et de se perdre est là, alors on commence par prendre juste un peu le large, à la fois pour ne pas étouffer et aussi pour expérimenter concrètement. On ne peut pas toujours faire des pas de géant, alors on « vole » des moments pour savourer cette intensité spéciale de percevoir et de se percevoir « de l’autre côté ». C’est en répétant l’expérience d’une féminisation raisonnable (ni trop ni trop peu), dehors, qu’on se familiarise avec des états nouveaux et qu’on finit par dompter les émotions négatives, le stress, la paralysie. C’est du pas à pas mais les étapes se franchissent doucement, créant des précédents, des plis joyeux, on commence à s’habiter soi-même autrement, à se sentir plus à l’aise. Le goût d’avoir osé nous enhardit. Chaque pas accompli sous le regard des autres est une petite victoire anonyme. On ne vit plus cachée et honteuse. Savoir jusqu’où cela ira et à quelles tractations avec le réel cela conduira, difficile de le prévoir… 
    Tout ceci est moins une introspection personnelle qu’une description, je crois, de ce que nombre d’entre nous me semblent connaître plus ou moins. C’est un « on » plus qu’un « je ». Car au début, on se croit être une exception et puis on se retrouve presque « clonée » en une multitude 😉 ce qui permet non de minimiser mais de relativiser…
    Merci pour ton éclairage, tes impressions, et, par ce dialogue, de contribuer à me faire exister davantage.
    Alicia 

    • Bonjour Alicia.
      Certaines ne sont ni en rade ni à mi chemin. Elles sont simplement arrivées à leur point d’équilibre. Chacune possédant le sien. Encore faut-il qu’elles puissent le déterminer. C’est un travail assez difficile parfois.

  • Coucou Alicia,

    Merci pour ta réponse, elle m’a beaucoup nourrie. Tu as raison : ma manière de voir les choses comme une timeline pouvait donner l’impression d’une ligne droite, avec un « plus avancée » ou « moins avancée ». Et tu as raison de rappeler que ce n’est pas si simple. Ton image d’une ligne de départ commune, mais avec des parcours différents, des hauts et des bas, et parfois même des arrêts en rade, est bien plus fidèle à ce qui semble se passer.

    J’aime aussi ta distinction entre deux formes de bonheur : celui stable et durable, et celui plus contrasté, avec ses pics et ses retombées.
    Je n’ai pas encore atteint le premier, donc je m’abstiens d’en parler.

    En revanche, le second me parle assez pour que je partage ce que j’observe de plus en plus : dans mes moments « down », c’est presque toujours parce que je suis dans la pensée, la peur, et souvent l’inaction. À l’inverse, quand ça va bien, c’est parce qu’il y a une perspective, du mouvement, de l’action. C’est là que je bascule en « up ».

    Mais ce qui est étrange, c’est que ce « up » apporte un bien-être, et c’est alors que la pensée revient… et je retombe en « down ». J’en déduis que, chaque fois que je pense trop, ça freine. Alors que quand je suis dans l’action, ça repart.

    Tout ça me rappelle des études sur le changement humain (et ça tombe bien, la transition reste un changement quand même 😅) et deux acronymes :
    -FOMU (fear of messing up), que je traduirais par « la trouille de se planter en beauté », et
    -FOMA (focus on maximising advantage), autrement dit « se concentrer sur tout ce qu’on peut gagner au lieu de se faire des films catastrophes ». En clair : FOMU, c’est le petit démon qui te souffle que tu vas tout foirer ; FOMA, c’est l’ange qui te dit d’attraper la balle au bond.

    Et en parlant de démon, je ne crois pas si bien dire : cette peur m’a parfois emmenée dans des torpeurs aux pensées très noires. Mais, inversement, chaque fois que je suis passée dans le mouvement, tout s’est inversé. Comme si l’action, même minuscule, faisait fondre l’ombre. Concrètement, au début, on a honte rien qu’à l’idée de faire un geste (par exemple enfiler une robe ou un soutien-gorge). On rumine… Et une fois dans l’action, je parle pour moi, je me sens inarrêtable, trop fière de moi, presque invincible avec ma robe.

    Tout se joue dans ce pivot du mindset : passer de la peur à l’opportunité. Je crois que la clef est là — dans la gestion de la peur. Et comme souvent, le meilleur remède à la peur, c’est l’action.

    Donc oui, j abonde dans ton sens, et je te le confirme.

    Claude « a réussi » à nos yeux car elle est dans l’action. Je pense que ça ne lui ôte pas définitivement des moments down, mais l action est son meilleur « reméde ».D ailleurs quand on la lit on perçoit du mouvement et de l’énergie . Pareil quand on la rencontre en vrai.

    Au plaisir

  • Sabine, je te rejoins et me retrouve complètement dans ce que tu écris! C’est exactement cela, ce « pivot du mindset », entre FOMU et FOMA (j’adore ces deux acronymes!)… La pensée toute seule est prisonnière et délétère : elle tourne en rond, se recroqueville et remâche tous les obstacles, toutes les impossibilités, toutes les raisons de ne rien faire et de macérer dans la tristesse, l’impuissance, la honte ; libérée par l’action, elle acquiert une vitalité insoupçonnée et suit un cours qui entraîne joyeusement et énergiquement tout le corps et l’esprit, et permet de récolter une incroyable moisson d’idées, d’impressions, toute une fraîcheur. « Comme si l’action faisait fondre l’ombre », ton image est parfaite. L’action, c’est le cheval, ou plutôt la jument intérieure 😉 et c’est aussi la lumière. Souvent l’attelage est prêt, mais on reste pétrifié. Il faut se franchir soi-même et franchir le seuil. Piloter sa peur. Et quand tu évoques très justement le démon qui invite à se reclure et l’ange qui pousse à s’envoler, longtemps j’ai inversé les deux et pris l’ange pour le démon et le démon pour l’ange. Le poids des normes…

    • Comme me l’a dit très gentiment mon infirmière référente après la dernière consultation de suivi : « Le papillon prend son envol ».

  • Bonjour Sabine.
    Si je n’ai jamais éprouvé la peur, il y a eu des moments de pause le temps de déterminer ce que j’allais faire face un événement nouveau. Il me fallait réfléchir, peser les choses. Je ne suis jamais restée dans l’inaction sans pour autant être une tête brûlée. C’est ce qui m’a permis d’oser avec une dose de risque soutenable. Des événements externes, ou imprévus on pu être déstabilisants comme un report d’intervention ou un équilibre hormonal non satisfaisant ponctuellement. L’action sera alors de corriger si c’est possible, ou patienter, quelques fois dans la douleur.

  • Puis-je digresser légèrement et amener un point à mes yeux capital dans la construction identitaire? En me basant sur mon expérience: ma construction en tant que Femme, au-delà de l’aspect physique et mental, passe par la confrontation avec le monde.
    Comme vous, je souhaite pouvoir passer comme n’importe quelle autre femme, sans être pointée du doigt. On parle ici finalement de ce graal pour beaucoup je pense: le cis-passing.
    Pour moi, le grand obstacle et défi sur lequel je travaille tous les jours: la voix. Oui, je sors, oui j’interagis mais j’essaie d’éviter au maximum car je n’ai pas encore confiance en ma voix. J’ai l’impression qu’elle me trahit et me ramène en arrière quand bien même ce que je vois dans la glace au fil des semaines me plaît…
    Je ne sais pas si les hormones modifient beaucoup la voix, mais je ne veux pas me reposer là-dessus. J’ai téléchargé une app (gender fluent app) qui m’aide à travailler et me donner des repères chez moi, j’ai de l’aide d’une orthophoniste mais quand bien même, malgré mes entraînements quotidiens, je reste dans une zone de formants qui me délimitent souvent comme androgyne (entre 0.45-0.55) et parfois, sur des petites phrases, je monte à 0.63, ce qui correspond à la frontière en androgyne et « Fem-andro. », mais je n’arrive pas à rester sur cette moyenne. De plus, j’y arrive dans mon salon ou avec ma coach en lisant des textes mais une fois dehors, comme cette semaine en achetant un pull, c’est différent.
    ça me rend triste car d’un côté je me sens toujours plus Femme, je suis heureuse avec mon corps, mon style, mon attitude, mes gestes, j’habite toujours plus mon identité de femme, mais la voix me ramène à ce que j’essaie de quitter: en ce sens que mon oreille entend une voix qui n’est plus en adéquation avec ce que je deviens. Mais il y a aussi et surtout le regarde extérieur et ces visages qui changent soudainement en entendant ma voix, et qui me ramènent à mes craintes et doutes (je parle des inconnus; les personnes qui me côtoient c’est autre chose).
    L’autre jour en faisant du shopping, j’ai géré et généralement, je fais face: « show must go on » (ai-je le choix?) Alors je me dis que, oui la personne en face a réagit physiquement à me voix, elle est surprise, gênée ou que sais-je … Mais je suis belle, je suis une vraie femme, j’ai le droit d’exister et je me redresse, je souris et fais comme si de rien n’était. Mais ça me coûte énormément et je dois prendre à chaque fois quelques minutes pour me renforcer et continuer ma journée…
    Comment gérez-vous cela ? Est-ce que ça ne travaille que moi ou est-ce un vrai problème pour d’autres aussi ? Merci.

    • Les hormones dans une transition homme vers femme ne modifie absolument pas la voix.
      J’ai travaillé 18 mois avec mon orthophoniste. Je ne sais pas ce que vous appelez zone de formant. Si cela fait référence à la hauteur (la fréquence) je peux affirmer que ce critère est assez secondaire même si il compte.
      Dans mon travail vocal, nous avons traité les points suivants.
      La respiration. Colonne d’air pour maintenir le larynx en haut.
      L’agilité à changer de fréquence.
      Développer un toucher vocal doux. Éliminer les duretés sur les consonnes D T N M B P.
      Un travail de la prosodie, moduler les hauteurs dans les mots.
      Le contrôle des résonances en produisant les sons à l’avant de la bouche et surtout pas dans la gorge. Dans ce cas pousser les fréquences vers le haut ne marche pas.

      Ma voix ne me pose plus de problème en toutes situations. Ces techniques sont devenues une seconde nature. Je dois encore me méfier d’un débit vocal trop rapide. C’est un long travail. Retrouver une voix d’homme nécessiterai sans doute un travail en sens inverse.
      Mais je n’y tiens pas.

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