Féminisation chez Transbeauté: un témoignage sous X

Mon métier de maquilleuse professionnelle pour transgenre et travesti est très visuel. C’est d’ailleurs un métier d’image par definition.

Malgré tout, j’ai bien à l’esprit que la démarche qui vous pousse à venir franchir le seuil de chez Transbeauté est avant toute chose le résultat d’une réflexion, d’un cheminement personnel souvent très intime.

Mon travail consiste alors à « transformer », votre réflexion et déjà votre projection, en une image, grâce aux techniques de maquillage. Mais pas seulement.

C’est aussi un travail d’écoute : celui de vos attentes, et, d’observation : celle de votre personnalité.

Pour ces raisons, je tiens à publier un témoignage, « sans image », car cela fait partie intégrale du cheminement et de l’accompagnement de Transbeauté dans la recherche de l’expression et la révélation de votre féminin.

C’est l’histoire de X , mais cela pourrait être aussi bien la vôtre.

C’est un témoignage que vous pouvez bien entendu vous approprier afin de vous conforter, ou vous faire progresser, ou découvrir l’univers multiforme, protéiforme surtout, de la transidentité ou du travestissement.

Entrelacement harmonieux entre féminité et masculinité

Peux-tu te présenter ? Age, genre, situation familiale, profession, région

Je suis un homme de 48 ans, cadre moyen + sans effet « waouah », résidant en Ile de France, marié avec enfants et un chat.

Ne manque que le lopin de terre !

La vitrine est alléchante, mais la boutique l’est également et révèle toujours de belles découvertes.

Depuis combien de temps as-tu envie de te sentir femme, quel a été le premier signal de cette envie ?

La formulation de la question ne correspond pas à la manière dont je vis ma féminité qui n’est pas en contradiction à ma masculinité. L’une ne s’oppose pas à l’autre mais les deux se complètent pour s’équilibrer.

Parfois le curseur se déplace davantage d’un côté mais sans aspiration de devenir quelqu’un d’autre ou d’appartenir à l’autre genre.

Lorsque ce besoin de féminité vient bousculer « l’ordre établi », il infuse progressivement votre personnalité sans que vous y preniez attention, jusqu’au jour où l’évidence s’impose.

Il y a bien quelques circonstances qu’on veut croire être les causes justificatives de « cet état », le fait d’avoir été éduqué dans un univers de femmes, le fait d’avoir été régulièrement appelé mademoiselle jusqu’à mon adolescence..

Mais ces causes justificatives servent de bien mauvais prétexte à une réalité sans doute plus simple : Le défaut de montage sur la chaîne de production J. Je pense que cela est en moi depuis toujours.

Permanence de l’Être : La féminité comme une partie indissociable de la personnalité

Est-ce une envie ponctuelle, permanente ?

Avec le temps, les excès du tout puis rien se gomment pour laisser apparaître davantage d’harmonie et d’acceptation.

Cette féminité fait partie intégrante de ma personnalité.

En ce sens, elle a toujours été permanente depuis le jour où j’en ai pris conscience et je l’ai accueillie.

C’est une manière d’être, de vivre, il suffit d’apprendre à placer le curseur, trouver son point d’équilibre, son épanouissement (cela prend un peu de temps, les à-coups sont nombreux au démarrage) avec soi et dans ses relations avec son environnement.

Pourquoi cette envie, qu’est-ce que cela te procure ?

Chacun vit cette envie de manière différente, certains dans l’éphémère, d’autres dans l’exubérance, d’autres encore dans le minimalisme. Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse !

Il y a bien évidemment le plaisir d’avoir accès à un univers non sociétalement destiné pour soi mais dans lequel on se sent serein et léger, ici la délicatesse d’une matière, là l’élégance d’une posture, …..les possibilités sont tellement nombreuses.

Mais, « cette envie » qui relève davantage d’une façon d’être ne se réduit pas à une seule démarche égocentrée. Elle se potentialise dans la relation. Un sourire entendu, un geste bienveillant, une parole d’encouragement, un regard invitant à oser sont autant de manifestations instantanées ou plus durables qui nourrissent la confiance et l’épanouissement….et qui permettent d’ajuster le curseur en évitant des fautes de goût.

« Ma première fois dans un petit salon de coiffure pour dames »

Quand as-tu décidé de passer à l’acte, soit de te travestir pour la première fois ? Pour quelle occasion ? Qu’as-tu ressenti ?

Je ne me reconnais ni dans le verbe « se travestir » qui suppose une dissimulation pour révéler autrement, ni dans « le passage à l’acte » qui donne le sentiment d’une rupture brusque et d’une initiative exclusivement personnelle.

Comme je l’évoquais, cette féminité est installée, elle se révèle progressivement au gré de sa capacité propre à vouloir/pouvoir l’exprimer mais également selon les rencontres et de son environnement qui favorisent ou pas cette mue.

Le comportement général est donc celui-ci, même si une circonstance/rencontre peut déplacer plus fortement le curseur.

Je me souviens très bien de ma première fois dans un petit salon de coiffure pour dames, ce fut un moment extrêmement bienveillant et complice, délicat, une pause de bien-être teinté de gêne par moment.

As-tu des craintes vis-à-vis de la société, ta famille ….des appréhensions, une gêne quelconque ?

Aucune. Je ne souhaite pas imposer à l’autre (famille, ami, travail) une situation non souhaitée. J’ajuste dans ce domaine, comme dans les autres compartiments de la vie, mon comportement à ce que l’Autre est en capacité d’accepter.

Féminisation : le chemin plus que le résultat, le parcours plus que la destination.

Quelles sont tes prochaines étapes dans ta féminisation (s’il y’en a à venir) ou des envies que tu n’as pas encore testées mais qui te plairaient ?

Je ne vis pas ma féminisation comme un jeu vidéo où il faut passer au niveau de difficulté suivant, en quête d’un absolu qui ne se réalisera pas. Le chemin de la féminisation m’importe plus que la recherche d’un résultat, je souhaiterais qu’il soit davantage partagé, soutenu, encouragé afin de permettre de révéler des aspects que je n’ai pas découverts.

Pourquoi avoir fait appel à moi, qu’est-ce que je t’ai apporté dans cette étape de ta vie, si je t’ai apporté quelque chose ?

Le maquillage est une composante assez structurante tant par l’esthétique que par le moment de complicité qu’il procure. Cela a été un véritable moment de lâcher-prise. La carapace se fend.

Par la bienveillance et la générosité de Jennifer, la magie opère, elle ouvre des perspectives qu’on n’imaginait pas, elle donne envie d’oser.

Pas de moquerie, pas de jugement, une spontanéité et une – je crois – sincère envie à accompagner. Provenant de la part d’une femme, c’est rare voire improbable. Je l’ai donc d’autant plus apprécié.

Quelle anecdote peux-tu nous raconter suite à cette séance ? Comment te sentais-tu après cette séance ? Qu’as-tu fait tout de suite après notre rencontre ?

Je n’avais pas imaginé une suite à cette séance. Je préfère aussi laisser les événements influencer le cours des choses. Le parcours est souvent plus intéressant que la destination.

Je n’ai pas osé assumer une féminité plus affirmée et suis reparti, après ce moment que j’aurais souhaité retenir plus longuement, comme je suis venu, avec une féminité moins démonstrative.

Merci pour ce témoignage !

N’hésitez pas à partager dans les commentaires vos réactions ou pourquoi pas votre expérience sur le sujet.


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6 thoughts on “Féminisation chez Transbeauté: un témoignage sous X

    • Bonjour Barbara,je te remercie pour ton commentaire qui me fait plaisir , cela fait longtemps…
      Au plaisir de discuter avec toi , j’en garde un excellent souvenir .
      Jennifer .

  • Je suis fascinée par la variété des ressentis, des parcours. Il apparait que chaque parcours, qui est parfois un point d’arrivée, est différent, spécifique.
    Celui-ci m’interpelle grandement car, en pratiquement tout, il est à l’opposé de mon expérience, de mon ressenti, de ma vie.

    Ma féminité est bien, en ce qui me concerne, en contradiction avec le peu qu’il me reste (du moins j’espère) de masculinité. Si ce n’est par des attributs physiques encore présents.

    Les coups au démarrage, je n’ai jamais rien vécu de tel. Ce n’est pas une fatalité.

    « Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse ! » Non surement pas pour moi. L’ivresse et le flacon ! Je revendique tout.

    J’ai décidé d’assumer pleinement cette vie et je refuse de me sacrifier à la famille, aux amis, à l’environnement professionnel. J’ai hautement conscience des bouleversements que j’ai provoqué. Je ne peux pas vivre ma vie en fonction de ce que les gens ont souhaité ou pas. C’est ma vie et je ne vais pas la subordonner à ce que les un ou les autres souhaitent ou pas.

    Mon évolution n’est pas un jeu vidéo avec de multiples niveaux. Et au contraire le résultat final m’est essentiel. Le chemin est certes intéressant, parfois très intéressant, mais parfois fastidieux et fait de beaucoup d’attente. Je ne suis pas en quête d’un absolu mais de quelques chose de bien identifié qui est en train de se réaliser. J’ai conscience de pouvoir rencontrer des vents contraires, je n’idéalise pas, c’est le lot de tout le monde.

    Je comprends que l’on ne se reconnaissent pas dans le terme travesti. L’idée de dissimulation, oui pourquoi pas … Mais le contexte dans lequel cela est dit ne manque pas de m’interpeller vivement. Là où je peux être d’accord c’est sur la notion de dissimulation, à éviter selon moi. J’ai vécu ce que je suis au grand jour le plus vite possible. Personne aujourd’hui n’ignore rien de ce que je suis, de ce que j’ai été pour les personnes qui m’ont connu dans le passé. Pour les autres suis une femme parmi d’autres. C’est justement ce résultat qui m’intéresse.

    J’ai été un peu longue mais comme le dit Jennifer en préambule, c’est un univers multiforme, protéiforme.
    Enfin pardon, peut-être, à insaisissable auteur de ce témoignage si mes propos lui semble un peu bruts. J’ai trouvé indispensable d’apporter un éclairage très différent.

  • J’ai lu avec attention ce témoignage car je m’y retrouve beaucoup. J’admire beaucoup les gens qui réussissent à vivre cette part d’eux-même. J’ai cette part depuis toujours, mais je m’applique à la garder enfouie.

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